Transformation digitale en finance : défis, succès et évolutions

Transformation digitale en finance : défis, succès et évolutions

Dans des secteurs aussi divers que la pharmacie et la cimenterie, les directions financières partagent des préoccupations communes en matière de transformation digitale.

Lors d'une récente table ronde organisée par VISEO, Christophe Reynaud de bioMérieux et Stéphane Giroux de Vicat ont partagé leurs expériences et enseignements sur la digitalisation des DAF en se basant sur l'étude « Maturité Cash en 2023 » de Sidetrade - PwC, menée au 2e trimestre 2023 auprès de 200 entreprises, ETI et grands groupes, tous secteurs confondus.

Christophe Reynaud est Head of Finance Data & Analytics Center Of Expertise (CoE). Il a piloté un programme de transformation sur cinq ans, aujourd’hui terminé. Le projet a donné lieu à la création d'un nouveau département « Finance Data & Analytics ». bioMérieux est une entreprise familiale, spécialisée dans le diagnostic in vitro des maladies infectieuses. Avec un chiffre d’affaires d’environ 3,6 milliards d’euros en 2022, le groupe est présent dans 160 pays avec une quarantaine de filiales et emploie environ 14'000 collaborateurs dans le monde. 

 

Stéphane Giroux est Responsable Projets ERP France. Il a rejoint le groupe en 2020 pour transformer le pôle Finance et s’attaque désormais aux autres directions. Vicat est lui aussi un groupe familial, depuis 170 ans. Chiffre d’affaires 2022 : 3,6 milliards d’euros. L’entreprise s’est développée autour du ciment, bétons et granulats. Présente dans douze pays, elle est aujourd’hui confrontée à deux défis : la diversification et la transition environnementale.

 

88% des entreprises ont déjà mis en œuvre ou envisagent pour 2024 un projet de transformation financière. Qu'en est-il pour bioMérieux et Vicat ?

 

Chez bioMérieux, l’accélération est très nette également : « Sur la clôture, nous avons l'information transactionnelle qui remonte en fait toutes les dix minutes pour l'ensemble des filiales qui sont dans SAP. C’est automatique. Les équipes locales doivent valider. Et les équipes corporate peuvent suivre l'avancement filiale par filiale, voir qui a validé ou pas, relancer si besoin… C’est ainsi que notre « Management reporting » intervient désormais à J+7, contre J+8 l’an dernier. »

 

Une transformation de cette nature embarque les métiers de la Finance bien sûr, mais aussi le Marketing et la Vente. « Il fallait un DAF engagé pour mettre tout le monde en mouvement. L'objectif du projet était de simplifier le reporting, pour améliorer la prise de décision : il était donc indispensable de clarifier le besoin avec toutes ces parties prenantes », poursuit Christophe Reynaud, qui a découpé son chantier en quatre « lots ». « Nous nous sommes fixé un agenda sur trois ans, avec la volonté de faire émerger dès la première année des Quick Wins : en enrichissant la partie transactionnel des informations manquantes. »

 

Chez Vicat, Stéphane Giroux lui aussi a commencé de bonne heure ! Il s’est attaqué d’abord au sujet de la facturation électronique, bien en avance sur les échéances réglementaires - d’autant plus qu’elles ont depuis été reculées à 2026. « Cela fait déjà quelques années que nous avons fait la bascule, explique-t-il. Sur nos deux axes : facturation clients et facturation fournisseurs. Côté fournisseurs, nous sommes déjà à 90% en électronique. Le challenge sera maintenant de convertir nos partenaires : nous évoluons dans un écosystème fait de nombreux indépendants, avec de petites livraisons. Le sujet de l’e-reporting arrive lui aussi à l’horizon, tout comme celui du cycle de vie. » 

 

Plus largement, un programme de transformation digitale globale de la DAF est en cours avec un objectif de « Go Live » en 2026. Objectif : réduire les délais de clôture. « Vicat est très décentralisé : il n’y a pas une activité Ciment au global ou Béton au global, chaque pays a sa feuille de route. Nous voulions pouvoir piloter tout cela plus rapidement, faire remonter plus de chiffres et de meilleure qualité…. et plus souvent qu’une fois par mois ! Nous avons revu complètement notre stratégie de reporting, pour passer en fréquence hebdomadaire sur un certain nombre de données et même quotidienne pour d’autres. »

 

Le principal problème rencontré par l’équipe de Christophe Reynaud chez bioMérieux a été le choix des solutions : « Parce qu’en 2019, une fois qu'on avait exprimé nos besoins, nous avons sondé le marché pour découvrir que tous les éditeurs - du moins d’après ce qu’ils nous disaient - faisaient le job ! Nous nous sommes donc retrouvés avec beaucoup d’offres, toutes très marketing et très conceptuelles. » Christophe Reynaud s’en sortira finalement en réalisant une série de POC pour « tester vraiment ces outils sur des données réelles ».

 

36 % des employés travaillant dans le domaine financier consacrent du temps à des tâches qui pourraient aisément être automatisées. Le contrôleur de gestion devient un réel analyste ? 

 

Chez bioMérieux, certains contrôleurs de gestion, à qui il était bel et bien question de simplifier la vie, se sont révélés bien au-delà de cet objectif en analystes - voire en geeks, friands de données !  « Nous voulions certes leur offrir une nouvelle capacité d’analyse. Qu’ils cessent d'être dans les difficultés de réconciliation, qu’ils gagnent du temps dans la restitution et se montrent plus incisifs dans l’analyse des données, reprend Christophe Reynaud. Mais les résultats ont clairement dépassé nos attentes. Lorsqu’ils n’ont plus besoin d’aller chercher les erreurs, ils s’engagent dans une réflexion Business. Ils montent en puissance. Par exemple, ils passent plus de temps dans l’analyse des leviers qui permettent d’améliorer la profitabilité, et se positionnent en véritable business partner et cela se ressent également dans la préparation du budget et la présentation des budgets, c’est une belle surprise. »

 

69 % des directions financières admettent ne pas exploiter pleinement le potentiel de leurs données. Votre entreprise est-elle data-driven ?

 

Stéphane Giroux, chez Vicat, précise que son entreprise a monté une Digital Factory avec des profils en Data Science et IA, qui testent les meilleurs cas d’usage. « Nous travaillons sur un premier chantier : identifier à travers les habitudes de règlement des clients, les probabilités de défaut de paiement. Autrement dit, prévoir l’avenir en analysant le passé. »

 

Christophe Reynaud s’appuie lui aussi sur les données : « Nous faisons des analyses de cross-selling, pour comprendre les interactions entre familles de produits. Grâce à cela, nous pouvons identifier de nouvelles opportunités de croissance chez un client ». Son équipe s’intéresse également au suivi des encours : « Nous attendons toujours que nos machines soient complètement installées pour facturer et nous avons donc des encours qui peuvent durer dans le temps. Aujourd’hui, nous avons accès à de nouvelles données comme le temps passé pour une installation et nous pouvons ainsi anticiper les difficultés. »

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